lundi 20 août 2012

PEUT-ÊTRE AILLEURS



PEUT-ÊTRE AILLEURS

A Katarina Fristenson

Peut-être ailleurs
Les heures tissent et brodent
Des saisons plus claires,
Plus vertueuses,
Mieux loties de félicité gourmande.

Peut-être ailleurs
Le monde ignore
La musique des forêts,
Le silence des herbes sauvages
Et le désir de la poussière.

Mais il n’y a pas pour nous
D’autre ailleurs, d’autres réalités
Que cet ici que nous habitons
À côté des voluptueux craquements
Et des sibyllins chuchotis
De la vieille maison.

Nous qui vivons, taciturnes et distraits,
Au petit bonheur la chance.

            Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 21 août 2012

Glose :

Katarina Frostenson (née le 5 mars 1953 à Stockholm) : poète, dramaturge, essayiste. Membre de l’Académie suédoise depuis 1992, élue au fauteuil d'Artur Lundkvist. Katarina Frostenson est Chevalier de la Légion d'honneur. Dès ses premiers recueils, Katarina Frostenson renouvelle et marque la poésie de sa génération. Cherchant au plus profond du langage les racines et les ressorts du sens, elle accorde à l'articulation des sons, à la voix, une place fondamentale dans la production du texte. L'auteur s'éloigne des systèmes métaphoriques traditionnels pour appeler le lecteur à la confrontation avec le mot lui-même, son origine, sa naissance, parfois sa décomposition.
Egalement traductrice, on doit à Katarina Frostenson les versions françaises d'œuvres de Marguerite Duras, Emmanuel Bove, Georges Bataille, Bernard-Marie Koltès. Elle est mariée au photographe et écrivain français Jean-Claude Arnault avec qui elle a produit plusieurs ouvrages.

Au petit bonheur la chance : compter sur le hasard pour satisfaire une attente. Dans « bonheur », on trouve le mot désuet « heur » qui signifie « hasard » ou « chance ». Ajouter « petit » avant permet de conjurer le sort en se souhaitant « bonne chance », même si ce n'est qu'un petit peu. Le fait d'ajouter « chance » une seconde fois vient renforcer le souhait de départ.




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