lundi 16 novembre 2009

ENCHANTEMENT

ENCHANTEMENT

(’Επωδή)

A Ernesto Petrucci

« Sine me, liber, ibis en Urbem »
(« Ô mon livre, tu iras à la Ville sans moi ! »
Ovide
A présent que la lampe est allumée
Et que j’entends parler l’une à l’autre les fleurs du jardin,
Je cherche à deviner ce que veut dire la clarté de ton visage.

Comment franchir la pudeur du cœur,
La scintillante fragilité de l’air,
La céleste piété de l’âme
Pour t’avouer mon enchantement ?

Oui, qui peut dire encore,
Comme les roses sur l’autel,
L’excellence de la tendresse,
Qui le pourrait, mon Ami romain, qui l’a pu ?

Il faut tant de lumière et d’eau,
Tant d’air et de chants
Tant de profondeur dans le repos
Et un souffle pur comme une première neige
Et plein de lueur
Pour bâtir l’invisible royaume de l’amitié !

Ah, comme j’aime le murmure blanc,
L’heure de cristal où la flûte égyptienne de la brise
Raconte à nos oreilles attentives les splendeurs
Des temps à jamais évanouis !

L’âme ouverte aux augures des étoiles,
Je hume l’odeur
De la terre éternelle d’Italie,
Mon sang millénaire la reconnaîtrait
Parmi tous les autres aromes !

Ô mon Ami, j’aime le frêle sourire du temps
Qui vient taquiner ta main tremblante
Abandonnée sur l’éblouissante blancheur
De la nappe !

Que puis-je t’offrir de plus transparent, de plus vrai,
De plus mien que les tiges jeunes de ce poème ?

Est-elle chose plus douce, plus amène à l’âme
Que cette musique neuve de la nuit
Verdoyante et humide
Où les âmes des anges,
Légers comme les panaches des tamaris
Flottent dans l’espace qui unit
Nos rêves radieux
Aux rêves de tous les êtres de l’univers ?


Athanase Vantchev de Thracy

Paris, ce lundi 16 novembre, Anno Christi MMIX

Glose :

’Επωδή : mot grec qui signifie enchantement.

« Sine me, liber, ibis en Urbem » : premier vers des Tristes d'Ovide : c'est un des ouvrages que le poète composa dans l'exil, et c'est du fond de la Scythie, des rivages les plus lointains du Danube, qu'il envoie son livre à Rome (le Ville).

Panache (n.m.) : de l’italien pennachio, « plume de faisan ». Assemblage, faisceau de plumes flottantes qui sert d'ornement.

Tamaris (n.m.) : du latin tamariscus. Arbuste ou petit arbre fréquent dans les régions méditerranéennes, où il peut être spontané ou cultivé. Il correspond au genre Tamarix, qui appartient à la famille des Tamaricacées. On en connaît diverses espèces, la plupart ayant des fleurs printanières (mars-avril) formant de nombreux chatons de couleur rose ou blanchâtre. Les feuilles sont très petites, alternes et écailleuses, un peu semblables à celles de certains conifères. Le fruit est une petite capsule triangulaire.

Le Tamaris gallica est adapté au climat méditerranéen alors que le tamaris anglais, Tamaris anglica, est mieux adapté au climat océanique et se retrouve sur la côte atlantique.

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