dimanche 6 janvier 2013

Vermeer - Tête de Jeune fille (français / ukrainien)





X.

TÊTE DE JEUNE FILLE

A Gerrit Van Honthorst

« Qualibet forma, quantum minus habet hujus luminis per obumbrationem  materiae, tanto deformior est, et quanto plus habet hujus luminis per elevationem supra materiam, tanto pulchrior est. »

(« Chaque forme apparaît d’autant plus laide qu’elle participe moins de cette lumière, du fait de l’obscurcissement provoqué par la matière, en revanche plus elle possède de cette lumière en s’élevant au-dessus de la matière, plus elle est belle. »)

            Ulrich Engelbert de Strasbourg,
            Summa de bono

Visage d’eau calme, éclat, unicité parfaite
De la couleur qui cherche l’essence de la beauté,
Contours où le pinceau se fait éternité,
Clarté du cœur vierge, splendeur de l’âme muette !

Ô fête de l’innocence, triomphe de la pureté
Qui donne à ce sourire son charme évangélique
Et fait flotter dans l’air la lumière pudique
D’un rêve indéfini, d’un monde émerveillé !

Ce mariage sublime du jaune, du blanc, du bleu,
Le jeu vertigineux des somptueuses nuances,
Ainsi Pseudo-Denys chantait la transparence

Des corps irradiés par la splendeur de Dieu !
Amour, rédime mes mots et surélève mon chant,
Rallume l’ardeur céleste des signes clairvoyants !


Glose:

Gerrit (Gerhard) van Honthorst (Utrecht 1590 – id. 1656) : peintre hollandais. Pendant son séjour en Italie (1610-1620), il étudia la peinture du Caravage et fut énormément influencé par le style de cet artiste. Van Honthorst excella dans les tableaux de genre et dans les scènes allégoriques. A son retour en Hollande, il fut chargé de la décoration du palais Honselaarsdijk. En 1628, Charles Ier d’Angleterre l’invita à Londres. Il y peignit une série de  portraits représentant le roi et plusieurs autres membres de la noblesse anglaise. Une grande partie de ces tableaux se trouvent aujourd’hui à la National Gallery de Londres. Honthorst décora également, à la demande de Charles Ier, le palais de Whitehall, résidence principale des souverains d’Angleterre. Le peintre travailla également pour la cour du Danemark. Voici quelques tableaux de ce grand  maître du baroque hollandais : La Joueuse de guitare ; Le Christ avant la prière ; Jeune homme jouant du violon à la lumière d’une bougie ; Le Reniement de saint Pierre ; Le Concert ; Portrait de jeune femme en bergère ; Portrait de femme, etc.

Ulrich Engelbert de Strasbourg (1220 -1277) : moine dominicain allemand, théologien et mystique, disciple de saint Albert le Grand et auteur d’un ouvrage capital sur la vie de prière, Summa de Bono.  Son enseignement fut fortement marqué par le néo-platonisme. Deux autres mystiques allemands appartiennent à la même école : Heidenricus (mort en 1263) et Dietrich de Fribourg (mort après 1310).

Pseudo-Denys (Ve -VIe siècle ap. J.-C.) : nom donné à un auteur anonyme, un ecclésiastique grec, chantre inégalé de la beauté. Il fut confondu par les anciens écrivains chrétiens avec saint Denys l’Aréopagite (Ier siècle ap. J.-C.), dont parlent les Actes des Apôtres (XVII, 34), Athénien, membre du conseil suprême de la Cité. Profondément bouleversé par les discours de saint Paul adressés aux habitants d’Athènes, saint Denys l’Aréopagite embrassa avec joie le christianisme. Au IXe siècle, Hilduin, abbé de Saint-Denis, établit un lien fantaisiste entre saint Denis, évêque de Paris (vers 250 ap. J.-C.) et saint Denys l’Aréopagite. Il nous faut donc distinguer ces trois éminents serviteurs de l’Eglise. Ce qui est étonnant, c’est qu’un auteur du génie comme Pseudo-Denys, proclamé Père de l’Eglise, ait pu cacher son identité. Il est l’auteur d’œuvres mystiques d’une profondeur vertigineuse : Hiérarchie céleste ; Hiérarchie ecclésiastique ; Noms divins ; Théologie mystique. Pseudo-Denys exerça une influence décisive sur la théologie du tout le Moyen Âge aussi bien en Occident qu’en Orient. Inspiré par la doctrine de Plotin, ses écrits insistent inlassablement sur le fait que tous les êtres, animés ou inanimés, participent de quelque façon non seulement à l’œuvre divine, mais à Dieu lui-même. Ses pages uniques sur les anges et leur hiérarchie sont devenues une source inépuisable de renseignements et d’inspiration artistique. Pseudo-Denys est le fondateur de la théologie de la beauté.

UKRAINIEN :

Х

ГОЛОВА ЮНКИ

                    Герріту Ван Гонтгорсту

«Qualibet forma, quantum minus habet hujus huminis per obumbrationem materiae, tanto deformior est, et quanto plus habet hujus luminis per elevationem supra materiam, tanto pulchior est».

(Кожна форма здається тим потворнішою, що менше вона причащається світла, через дедалі дужче затемнення матерією, натомість їй притаманне дедалі ясніше світло, коли вона підноситься над матерією, і тим стає прекраснішою»).
                                                           Ульріх Енґельберт зі Страсбурга

Обличчя тихих вод, єднання досконале
Світліні й кольорів – есенція краси,
Окреслив пензель вічний лет яси,
На чисте серце чар-душа опала.

Свята невинність, о звитяго чистоти
В усмішці по-євангельському гожа,
У віянні світіння заворожить
Неозоримим сном замріяні світи!

Шлюб узяли ця біль, ця синь у жовтизні,
У грі замлосній півтонів іскристих –
Так Діонісій виснив прозористі
Осяяні тіла в Господній вишині!

Любове, годі слів, ти співи пробуди,
Од вишніх зір жарінь ясну збуди!


Зі збірки
«Ліпоти» (2012)
Traduit en ukrainien par Dmyro Tchystiak

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