mercredi 11 août 2010

LE ROYAUME D'AWSÂN

LE ROYAUME D’AWSÂN


Roi, redis-moi que notre Royaume
Sera encore longtemps ami de la Beauté,
Que le ciel aimera nos corps entrelacés,
Plus sveltes que le silence, plus doux que l’âme des baumes.

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 11 août 2010

Glose :

Royaume d'Awsân, situé sur le territoire de l’actuel Yémen, est attesté par une inscription de la fin du V s. av. J.-C. Il semble que ce soit l'utilisation par les caravaniers de l'encens d'une nouvelle passe dans la montagne pour éviter les sables du désert, qui ait fait la fortune des rois d'Awsân. Vers les années 1930, un hindou, Kayki Muncherjee, constitua une riche collection comportant, à côté de pièces antiques de provenance sabéenne ou qatabanite, une série de statues de "rois d'Awsân" ainsi que de très beaux bijoux et cachets-sceaux, en or et en pierres semi-précieuses, provenant sans doute de sépultures royales violées. Yémen a vu sur son sol les royaumes d’Awasân, de Saba, de Qataban, de Ma’în, de Hadramaout et de Himyar.

Le premier véritable royaume du Yémen est le Premier Royaume sabéen de Marib (vers 1500 av. J.-C.). Selon les spécialistes, l'épisode biblique de la visite de la Reine de Saba à Jérusalem pour voir le Roi Salomon (fin du Xe siècle av. J.-C.), tendrait à montrer la puissance du Royaume de Saba. Encore faut-il être prudent, car l'identification du Royaume de Sabé à celui du Royaume de Saba n'est pas certaine, puisque la première réelle mention du Royaume de Saba provient des inscriptions assyriennes de 750 av. J.-C. Le véritable Royaume « historique » de Saba date de 716 av. J.-C., soit plus de trois siècles après le règne de Salomon, lorsque le Mukkarib (monarque) Yâthiamar, Roi de Saba, paie tribut à l'Assyrien Sargon II. Déjà, des forces centrifuges semblent menacer l'unité du royaume puisque vers 700 av. J.-C., Karibîl Watar, fils de Dhamar'alî, lance deux campagnes contre la ville de Nashan pour réduire les velléités d'indépendance de celle-ci. Il réclame l'aide de la cité d'Haram et de Dekaminahû. Puis, de 689 à 681 av. J.-C., il fonde, après avoir détruit le Royaume d'Awsân, l'Empire Sabéen avec pour capitale Maryab (ou Mareb). Il s'agit du premier État yéménite unifié réellement attesté.

Cet empire subit une attaque du Royaume de Hadramaout qui, au milieu du VIe siècles av. J.-C., établit une brève domination. Il doit faire aussi face à la pénétration d'une nouvelle tribu étrangère (peut-être d'origine arabe), celle de Ma'în. Le Royaume de Ma’în, très commerçant, finit par reconnaître la suzeraineté du Royaume de Saba.

Au Ve siècle av. J.-C., Saba entre dans une violente guerre, qui voit le triomphe de son rival, le Royaume de Qataban. Ce dernier établit son empire et éclipse durablement Saba (de 500 à 110 av. J.-C.). Au cours de cette domination, Saba réussit à vassaliser, vers 200 av. J.-C., une nouvelle tribu d’émigrés arabes, celle d'Amîr. Avec le déclin progressif de Qataban, Saba reprend son influence et, au IIe siècle av. J.-C., impose peu à peu son pouvoir. Avec la disparition en 120 av. J.-C. du royaume de Ma'in, c'est l'ensemble du Jawf (le sud de l’Arabie Saoudite d’aujourd’hui) qui est sous le contrôle de Saba. L'aristocratie sabéenne s'approprie les régions de Nashan, Nashq et Manhiyat. Le reste est abandonné aux tribus nomades.

La chute de Qataban déclenche une lutte acharnée entre Saba et Hadramaout qui, au début du Ier siècle ap. J.-C., se lance dans une politique hégémonique et écrase Saba. Saba se doit de reconnaître la domination de Hadramaout. Ce n'est que vers l’an 100 que date la restauration du Royaume de Saba. Cependant ce redressement ne résiste pas à une nouvelle puissance montante, celle du Royaume de Himyar qui conquiert une grande partie de l’Arabie Saoudite d’aujourd’hui et établit à son tour son Empire de 230 à 532 ap. J.-C. Saba sombrera peu à peu.

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