lundi 16 août 2010

SI MOHAND U M'HAND

Si Mohand U M'hand

Passez, vents doux d'Afrique sur ce pays béni
Où gît , couvert de thym le coeur de Si Mohand,
Sa langue de romarin s'enivre à présent
Du chant des alouettes, des hymnes de la nuit.

Il fut l'intime délice, l'âme vive de Kabylie,
La lyre de ses matins, la harpe de ses soirs,
La route qui ne finit jamais sans avoir
Rempli d'éternité les courbes de ses rêveries.

Ô vagabond des dieux, tes pas ont adoré
La liberté des ailes, la volonté des sources,
L'éclat de l'Orion, les étoiles de l'Ourse,

La solennelle beauté des cimes et des vallées!
Ô temps laborieux, recouvre de gloire
Son nom de lumière, son peuple d'espoir!

Athanase Vantchev de Thracy

Saint-Germain-en-Laye, le 16 août 2010

Glose:

Si Mohand U M'Hand : poète et philosophe kabyle de la tribu des At Yiraten de Kabylie ( Algérie ), né entre 1840 et 1845 à Icheraiouen (Icereiwen), l'actuelle Larbaa Nath Irathen (caserne), et mort le 28 décembre 1905 à Michelet .

Déraciné et seul, Si Mohand devint un poète errant. Il emprunta à ses malheurs les thèmes de l' exil , de l' amour de sa terre natale, de l'amour de son peuple et de son tragique destin . Le poète des routes aurait juré de ne jamais répéter deux fois le même poème.Seule la fidèle mémoire des Berbères de son pays a permis de conserver son oeuvre.

En 1871, lors de l'insurrection, la famille s'est engagée aux côtés de Cheikh El Mokrani contre la colonisation de la Kabylie. Son père, Mehand Améziane, fut exécuté à Fort-National, son oncle, Arezki, déporté en Nouvelle-Calédonie et leurs biens confisqués au profit de l'Etat. Sa famille ruinée et presque anéantie se dispersa dans les quatre coins du monde. La mère du poète se retira dans la nouvelle Chéraïouia avec son jeune fils Méziane.C'est alors que commença la vie de vagabond de Si Mohand, errant de village en village, de ville en ville. Son frère aîné Akli s'enfuit à Tunis avec l'essentiel des ressources de la famille.

Si Mohand passa quelque 30 ans d'errance entre la Kabylie et la région de Bône (Annaba) où de nombreux Berbères travaillaient comme ouvriers agricoles ou comme mineurs. Un autre de ses oncles, Hend N'Aït Saïd , était installé dans les faubourgs de Bône.

Si Mohand mourut en 1906 à l'hôpital des Soeurs Blanches de Michelet et fut enterré au sanctuaire de Sidi Saïd Ou Taleb.

Aucun commentaire: