dimanche 5 décembre 2010

MEDITATION SUR LE CHRIST BENISSANT

MEDITATION SUR LE CHRIST BENISSANT
DE GIOVANNI BELLINI

Cette solitude immense, le livre du ciel,
Le bleu dans l’âme du bleu ! Et ces légers nuages
Qui tendrement entourent, énigme et voilage,
La tête mystique du Christ plongée dans l’éternel.

Seigneur, pourquoi tes yeux où vogue l’éternité
Sont si désespérés ? Pourquoi cette haute tristesse ?
Et ce cruel silence qui cerne l’ultime noblesse
De ton visage limpide plus pur que la pureté !

Ô douce soie fleurie des lèvres éthérées
Où tremblent les syllabes de la Parole divine !
Pavots du sang vierge, profondes blessures carmines

Sur le visage du temps qui devient clarté !
Seigneur, inscris ton nom sur mes pupilles brûlantes,
Toi, le Lys suprême, la Langue des âmes aimantes.

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, ce dimanche 5 décembre, Anno Domini MMX

Glose :

Giovanni Bellini dit Giambellino (entre 1425 et 1433 - 29 novembre 1516) : un des plus grands peintres italiens de la Renaissance, considéré comme le précurseur de l'école vénitienne. Par son attachement à la rigueur géométrique à travers des peintures qui effacent la différence entre monde sacré et profane, son œuvre marque la rupture définitive avec le style gothique,

C’est dans l’atelier de son père Iacopo Bellini (1400-1470), que Giovanni apprend son métier de peintre. Grâce à son beau-frère Andrea Mantegna, époux de sa sœur Nicolosia Bellini, il fait la connaissance avec le milieu savant et novateur de Padoue. Ses coloris deviennent plus profonds, plus homogènes et jouent déjà un grand rôle dans la représentation du relief. Il y a plus d’humanité dans les sentiments exprimés, plus de tendresse, de joie ou de douleur.

Les premiers ouvrages sont des petits panneaux peints alors qu’il n’a que 21 ans, telle la Pietà, qui groupe les figures de la Vierge, de saint Jean l’Évangéliste et du Christ au Tombeau. On peut dater de la même année la Transfiguration et le Christ au mont des Oliviers. C’est à 31 ans que Giovanni commence à multiplier les variations sur un thème qu’il ne cessera d’exploiter, celui de la Vierge à l’Enfant.

Entre 1470 et 1475 Bellini se rend à Rimini pour peindre le Retable de San Francesco qui marque un tournant capital dans sa carrière. Les années suivantes donneront à Bellini l’épanouissement de ses moyens. Cette période est celle de l’équilibre entre la forme et les couleurs, plus belles les unes que les autres.

Un climat spirituel se fait ressentir et une grande poésie émane du paysage dont l’importance est primordiale dans plusieurs panneaux peints entre la 46e et 56e année du peintre, tels le Saint François recevant les stigmates et la lumineuse Transfiguration. L’Allégorie mystique des Offices est une œuvre plus tardive.

Vers 1480, et pour une période de 10 ans, Bellini peint deux de ses grands retables. Celui de San Giobbe représente six figures de saints encadrant une Vierge à l’Enfant assise sur un trône au bas duquel jouent trois anges musiciens.

En cette même année, Bellini reprend le thème vénitien de la conversation sacrée avec la Madone des Frari, encore en place à l’église des Frari à Venise, et dans laquelle on retrouve également l’Assomption du Titien. Vers la fin du siècle, la clientèle de Bellini lui fait peindre de nombreuses madones de petit format. Le thème de la conversation sacrée revient dans plusieurs tableaux. Bellini sait renouveler son inspiration et son langage, tirant profit de ses contacts avec de jeunes peintres tels Giorgione et Titien. C’est ainsi que le Baptême du Christ lie plus étroitement visages et paysages. Les tons chauds y prédominent. Bellini aborde également le domaine mythologique avec le Festin des Dieux que Titien remania plus tard.

C’est aux dernières années du peintre qu’appartient quelques-uns de ses plus beaux portraits, comme le Doge Leonardo Loredano et le présumé Pietro de Hampton Court. Bellini ne fait pas figure de révolutionnaire, mais le retentissement de sa gloire est immense. Dans son atelier, il forme de nombreux élèves, dont certains vont travailler sur la terre ferme (en dehors de Venise). Dans la première moitié du XVIe siècle, beaucoup de peintres subiront encore l’attrait de son génie.

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