mercredi 30 décembre 2009

SAINT ATHANASE D'ALEXANDRIE

SAINT ATHANASE D’ALEXANDRIE

« L'homme ne serait pas sauvé si le Christ n'était pas pleinement Dieu »

Saint Athanase d’Alexandrie

Âme, prisonnière de Dieu,
Toi qui as su remplir de vivante splendeur
Chaque mot inspiré que ta bouche a daigné prononcer!

Toi, qui es montée
Sur tous les tragiques tréteaux de l’Empire,
Ta Foi t’a dispensé le privilège
De dire en paroles précises l’impérissable,
Contempler le perpétuel dans ce qui décline,
Se consume et devient cendre anonyme !

Âme que Dieu a choisie pour vibrer à l’unisson
Avec son Âme, son Esprit et sa Volonté,
Pour devenir chant dans son Chant,
Lumière dans sa Lumière,
Eternité dans son Eternité !

Toi, qui as su chasser l’hésitante certitude
Dans chacun de tes dits !
Toi qui as éclairé les humaines mythologies
Sur les choses célestes
Et rendu compréhensible l’indéchiffrable !

Toi qui as semé de la poussière de lumière
Sur toutes les routes improbables,
Mêlant à la saveur amère de la terre,
La saveur délicieuse des Anges sans nombre ni nom !

Toi qui as affronté les dagues des lois incroyables,
Les larmes partout et la consolation nulle part !

Ton nom m’est cher comme le doux toucher
Du vent sur la transparence des fleurs !
Tu m’as révélé l’abyssale beauté
Des choses effroyablement simples,
La séraphique fidélité de leur substance,
La primordiale musique du silence
Et la clef mystique qui ouvre
Le cercle lent de la révolution des astres !


Par des sentiers de rêves,
Tu m’as fait retrouver mon nom égaré,
Tu m’insufflas la secrète science, le savoir halluciné
De faire des grains des pleurs des purs diamants,
De rendre des parfums les soupirs
Et élever les sanglots étouffés en strophes thaumaturges !

Saint parmi les saint, n’est-ce pas cela même
L’essence de la poésie, celle qui restitue
L’éternité à notre mort misérable ?

Dis-moi, Âme,
Dis que tu passeras ce soir près de moi
Sans m’abandonner, sans effacer mon visage
De la soie des fleurs, me laissant en insondable présent
Cette langue française ondoyante
Comme la fraîche clarté de l’aube,
Chantante comme l’eau limpide des livres ouverts
De toutes les riches bibliothèques du monde,
Cette langue primordiale,
Pure, claire, absolue,
Cette langue divine,
Inséparable de la Beauté!

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 29 décembre 2009

Glose :

Saint Athanase d'Alexandrie (vers 298-2 mai 373) : Patriarche d'Alexandrie au IVe siècle. L'Église orthodoxe copte le considère comme l'un de ses « papes » et, dans sa liturgie, l'appelle l'« apostolique », le « phare de l'Orient », la « colonne de la Foi ». Les autres Églises orthodoxes, qui le fêtent le 18 janvier, le comptent parmi les quatre grands Docteurs de l'Église. Les catholiques, qui le fêtent le 2 mai, ont fait de lui un des 33 Docteurs et un des Père de l’Eglise universelle.

À l'époque de la Réforme, Calvin le tenait en très haute estime.

Athanase est né à Damanhour près d’Alexandrie. Il y fut consacré évêque en 328 et prit une part décisive lors des grands débats christologiques du IVe siècle. Il participa au célèbre Concile de Nicée en tant que diacre et secrétaire de son prédécesseur, l’archevêque d’Alexandrie, Alexandre.

Son intransigeance ultérieure à l'égard des Ariens lui valut cinq exils successifs, au gré des empereurs de Rome :

• Premier exil : (du 11 juillet 335 au 22 novembre 337). Après le Concile de Nicée, Constantin Ier, sur les conseils de sa sœur favorable aux Ariens, demanda à Athanase d’admettre à nouveau Arius dans la communauté chrétienne d'Alexandrie. Athanase, inflexible, fut convoqué au Concile de Tyr qui le condamna. Malgré un plaidoyer auprès de l'empereur, ce dernier se prononça pour l'exil. Athanase passa 28 mois en Gaule à la cour de Trèves. Il fut autorisé à reprendre son siège à la mort de Constantin Ier.

• Deuxième exil : (du 16 avril 339 au 21 octobre 346). La mort prématurée de Constantin II le priva d'un protecteur, et Athanase se trouva face à Constance II, plus favorable à l'arianisme. Un synode réunit à Antioche prononça sa destitution et nomma un étranger, Grégoire, au siège d’Alexandrie. Athanase, de nouveau exilé, alla défendre sa position auprès du pape Jules Ier. En 346, les deux Conciles concurrents, l'un à Sardique pour les évêques d’Occident, l'autre à Philippopolis pour ceux de l'Orient, n'arrivèrent pas à prendre une position commune sur l'arianisme. Sous la pression de son frère Constant, Constance II accepta de rétablir Athanase à condition que ce dernier accordât une église autonome aux ariens, ce qu'Athanase éluda naturellement.

• Troisième exil : (du 9 février 356 au 21 février 362). L'assassinat de Constant et l'usurpation de Magnence occupa Constance II et constitua un répit pour Athanase. Aussitôt ce problème réglé, Constance ne put dissimuler son ressentiment contre l'évêque d'Alexandrie et fit pression sur les évêques d’Occident au synode d'Arles et au Concile de Milan pour obtenir une confirmation de la déposition d’Athanase. La popularité de ce dernier était si grande, que Constance fit investir Alexandrie militairement pour placer sur le siège épiscopal Grégoire de Cappadoce. Les partisans d'Athanase furent persécutés, et lui-même dut s'enfuir dans le désert. Ce nouvel exil dura six ans. À la mort de Constance, le nouvel empereur, Julien, favorable au paganisme, leva les condamnations de Constance, imposa la tolérance, et se désintéressa totalement des discussions christologiques.

• Quatrième exil : (du 24 octobre 362 au 5 septembre 363). À l'avènement de Julien, Grégoire de Cappadoce fut massacré par la population d’Alexandrie. La vacance du siège autorisa le retour d'Athanase. Toutefois Julien, qui avait effacé les condamnations de Constance, n’alla pas jusqu’à rétablir les évêques dans leur fonction. Aussi exigea-t-il l'expulsion du prélat, et Athanase se retira une nouvelle fois dans le désert, jusqu'à sa réhabilitation par l'empereur Jovien. En 363, Jovien, successeur de Julien, proclama son attachement au Concile de Nicée. La rencontre entre l'empereur et le prélat à Antioche raffermit la position d'Athanase.

• Cinquième exil : (du 5 octobre 365 au 31 janvier 366). Jovien mourut en 364, et deux frères se partagèrent le gouvernement de l'empire : Valentinien Ier en Occident prôna la tolérance religieuse, mais Valens en Orient fut ouvertement arien. Chaque siège épiscopal vacant généra des disputes entre ariens et nicéens. Athanase fut persécuté par ses ennemis, et la retraite passagère que lui-même s'imposa fut célébrée comme un cinquième exil.

Après ces cinq exils, Athanase revint à Alexandrie le 31 janvier 366 pour ne plus la quitter. Il mourut auréolé de gloire et de vertus le 2 mai 373, le 15 mai selon le calendrier julien.

À sa mort, Valens assura un triomphe éphémère à l'arianisme en plaçant Lucius sur le siège d'Alexandrie. Athanase avait consacré l'évêque Saint Prudence, qui allait fonder l'Église d'Éthiopie.

À une époque où le dogme n'était pas fixé, Athanase opposa à Arius, qui faisait du Christ une créature du Père, la doctrine de la consubstantialité (le Fils est distinct, mais consubstantiel au Père). La position d’Athanase fut décisive dans la mise en place de la doctrine orthodoxe de la Trinité. Il lutta non seulement contre les Églises dissidentes, mais aussi contre le pouvoir civil des empereurs. Son charisme, sa ténacité, son caractère impérieux, parfois irascible, lui aliénèrent beaucoup de gens, mais aussi lui acquirent des soutiens indéfectibles parmi la population et ses pairs.

Dans ses écrits, Athanase chercha à convaincre en se plaçant dans la perspective du salut : « L'homme ne serait pas sauvé si le Christ n'était pas pleinement Dieu ». Aussi fut-il appelé « champion de la divinité du Christ ».

Aucun commentaire: