samedi 5 juillet 2008

AMPLE ET TENDRE LUEUR

A Tom de Maistre

« Not till the fire is dying in the grate
Look we for any kinship with the stars.”

(“Il faut attendre que le feu meure dans l’âtre
Pour que nous cherchions notre parenté avec les étoiles. »)

Gorge Meredith

Pluie aérienne,
Rosée mystérieuse
Venue des prairies du ciel
Jusqu’aux feuilles assoiffées
Des arbres !

Pluie qui rend léger l’air
Sur la face indécise de l’été,
Qui invite l’invasion des couleurs
Et repousse avec une courtoisie indicible
Les limites fatiguées
De ce jour de juillet.

Un mot d’ami
Arrivé ce matin
Chante dans le cœur
A l’unisson avec les cœurs scintillants
Des gouttelettes !

Sur la table silencieuse,
L’ample et tendre lueur
Du livre fascinant de Joseph de Maistre,
Et cette divine nostalgie platonicienne
Qui flotte avec une cérémonieuse insistance

D’âme en âme !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, ce samedi 5 juillet, Anno Domini MMVIII

Glose :

George Meredith (1828-1909) : poète, écrivain et journaliste anglais.

Fils unique d'un tailleur de la marine, il devient orphelin de mère à l'âge de 5 ans. Il poursuit ses études secondaires (1842-1844) en Allemagne. Il commence à écrire dès lors qu'il est employé chez un avocat de Londres et se marie en 1849 avec la fille de l'écrivain satirique Thomas Love Peacock, Mary Ellen Nicholls, veuve de sept ans son aînée. Dans les années 1850, il publie des vers qui le font connaître.L'infidélité de sa femme avec le peintre Henry Walis en 1857 est à l'origine de son premier grand roman, L'Épreuve de Richard Feverel (1859). Suit en 1860 Evan Harrington évoquant son adolescence.

La même année, il devient lecteur chez l'éditeur Chapman and Hall tandis qu'il tient une chronique politique dans le Ipswich Journal. Un an après, en 1861, sa femme meurt, ce qui lui donne l'occasion de revenir sur ses amours trahies dans un recueil de poèmes intitulé L'Amour Moderne (1862). Il se remarie en 1864 avec Marie Vulliamy, mariage heureux cette fois-ci. La même année, il publie Sandra Belloni (d'abord titré Émilia en Angleterre) et, en 1865, Rhoda Fleming. En 1866, il part en Italie comme correspondant de guerre, envoyé par The Morning Post.

À son retour en 1868, il s'installe définitivement dans le Surrey, à Box Hill, où il écrit de nombreux poèmes et rédige ses œuvres les plus importantes :

Le livre fascinant : il s’agit de son ouvrage Les Soirées de St-Petersbourg ou Entretiens sur le gouvernement temporel de la Providence (1821)
.
Joseph de Maistre (1753-1821) : philosophe, écrivain et homme politique français.

À la naissance de Joseph de Maistre, sa famille, d'origine française, était installée en Savoie depuis un siècle environ. Son père était président du Sénat savoisien. Aîné de dix enfants, Joseph étudie chez les Jésuites, qui lui inspirent un profond attachement à la religion et le rejet du rationalisme philosophique.En 1774, il entre dans la magistrature ; il est nommé sénateur en 1788, à l'âge de trente-cinq ans. Lorsque survient la Révolution française, Joseph de Maistre, qui se trouve à Paris, semble partager l'émotion et l'enthousiasme qui en découlent. Ces réactions changent toutefois très vite, lorsqu'il prend conscience d'une certaine irréversibilité du processus révolutionnaire, et de l'impossibilité de rétablir l’Ancien Régime tel qu'il était avant la Révolution.

Il doit alors fuir la Savoie, s'installant à Aoste. En 1973, il est toutefois obligé de revenir en Savoie : il risque en effet, en tant qu'émigré, de se faire confisquer tous ses biens. Il rejoint ensuite Lausanne, où il reste quatre ans et remplit diverses missions pour le compte du roi de Sardaigne. Fin 1798, la famille de Maistre vit une émigration difficile à Venise, y résidant un an. En 1799, le roi Charles-Emmanuel IV de Sardaigne ordonne à Joseph de Maistre de rejoindre l'île de Sardaigne, lui attribuant le poste de régent de la Chancellerie. Il sera envoyé trois ans plus tard comme ambassadeur plénipotentiaire à Saint-Pétersbourg.

Joseph de Maistre était membre de la loge maçonnique Saint-Jean des Trois Mortiers, à l'Orient de Chambéry, créée en 1749 sous les auspices de la Grande Loge d'Angleterre ; c'est une des premières loges maçonniques créées en Europe continentale (après Paris). Dès1774, avec quelques frères de Chambéry avec lesquelles il fonde quatre ans plus tard, en 1778, une nouvelle Loge, « La Sincérité », il s'adresse à Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824) à Lyon pour être initié aux enseignements de la maçonnerie illuministe (il est reçu Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte sous le nom de Josephus a Floribus) dans laquelle il puise de nombreux éléments que l'on retrouve ensuite dans son œuvre : providentialisme, prophétisme, réversibilité des peines, etc.; hautement investi dans la vie de cette société initiatique, à la veille du Convent de Wilhelmsbad (1782) il fait d'ailleurs parvenir à Jean-Baptiste Willermoz son célèbre Mémoire au duc de Brunswick. Il entretient par ailleurs une amitié avec Louis-Claude de Saint-Martin, pour lequel il avait une vive admiration, ce faisant fort, écrivait-il à sa soeur, « de défendre en tous points l'orthodoxie », d'où son attrait pour le martinisme. Son frère Xavier de Maistre fut également écrivain.

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