jeudi 17 juillet 2008

CET APAISEMENT DU COEUR

A Tristan

« car seule notre générosité
nous accueillera outre-tombe. »

Olga Sedakova

Non pas, sûrement pas de pleurs !...

Ce chant immémorial,
Archaïque et dur comme du granit,
Elémentaire comme la terre à ses débuts
Me rend presque heureux, presque rassuré !

Lumière secrète, beauté, vérité
Jaillies des herbes, des buissons, de l’air,
Splendeurs invisibles
Que toute âme connaît !

Les cierges élancés des peupliers luisent
Dans la mélodieuse immensité
De la nuit thessalienne.

Les temples abandonnés
Que les dieux n’ont jamais pu quitter,
Se faisant discrets, montrant leur visage
Dans le timide calice d’une petite fleur
Née dans les ruines !

Et cette intense clarté qui inonde la mémoire
Au milieu de ces champs perdus !

Avalanches
De petites gouttes
D’eau souveraine,
D’huile d’olive et de myrrhe,
D’une gracieuse et étonnante transparence,
La mémoire jumelle de l’éternité !

Et l’intuition essentielle, plus abyssale,
Plus vaste à chaque cri d’oiseau,
Plus sombre aussi !

Âme,
Comme j’aime l’apaisement du cœur
Quand la vivifiante tiédeur de tes mains
Se pose sur mon front !

Comme je chéris les mots,
Les petits mots humbles qui connaissent
La divine, l’humaine, l’universelle
Continuité du monde !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 17 juillet 2008

Glose :

Tristan : prénom. Du celtique drest, « le tumulte ». Le saint patron des Tristan est un moine breton du Ve siècle qui évangélisa l’Irlande. Il m’est agréable de mentionner ici le poète Tristan Corbière, l’auteur maudit des Amours jaunes.

Olga Sedakova (née en 1949) : poétesse et philologue russe. Pendant le régime soviétique, ses poèmes ont circulé sous le manteau. Olga Sedakova est à présent traduite dans de nombreuses langues et de nombreux pays. Elle a obtenu plusieurs prix de poésie : à Paris en 1990, en Italie en 1995, le prix de la Société Soloviev en 1998, le prix Soljenitsyne à Moscou en 2003. Le titre de Docteur honoris causa lui a récemment été décerné par l’Université de théologie de Minsk.

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