dimanche 29 juin 2008

LE BALAYEUR DE LA RUE MONTEVIDEO

« Vous me demandez à moi le pèlerin
Quelques rimes pour vous »

Leonardo Sinisgalli,
Une rue d’Udine

Le matin de mai penche son visage de saphir
Sur la ville. Un vent aussi léger qu’une main pleine d’amour
Se promène presque nu dans les rues.
Une odeur de sommeil se répand des fenêtres ouvertes.
Et voici, l’Ange du rêve qui accompagne,
Invisible, le vieux balayeur de la rue de Montevideo !

Le vieux balayeur !...
Il va, il avance dans la demi-obscurité,
Courbé sur un long balai vert comme le printemps,
Berçant, dans sa tête blanche, sur ses boucles de neige
D’un enfant vieilli, au rythme régulier de ses mouvements,
Des rêves éblouissants de beauté :

Et son cœur se met à battre, à vibrer, à chanter,
A son doux toucher le trottoir se change en une
Prairie aux fleurs innombrables,
Le caniveau devient un ruisseau cristallin
Qui dévale, sautillant, joyeux, les pentes émeraude
D’une montagne qu’il semble connaître.

Pris de vertige, il s’arrête un bref instant,
Lève la tête vers le ciel
Pour entendre le poème éternel
De l’eau claire, de l’onde vierge
Comme sa lointaine enfance !
Puis il ouvre brusquement les yeux
Pour ne pas s’évanouir dans les flots limpides
De cette sublime vision !

Athanase Vantchev de Thracy

Antibes, ce dimanche 29 juin, Anno Domini MMVIII

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