dimanche 1 juin 2008

TROIS PETITES VIOLETTES

I.

Non, ne la touchez pas, amours,
Elle est si belle endormie dans sa robe blanche !
Ne froissez pas la lumière de son visage,
Ne plissez pas le bouquet de coquelicots
De ses lèvres suavement entrouvertes !

Elle dort, amours,
Laissez-moi, oui, laissez-moi
Sentir son souffle de volettes blanche
Sur ma joue éplorée
Et admirer sa petite poitrine d’enfant
Qui se soulève et retombe avec la douceur
D’une vague matinale tour à tour embrassée
Par la brise et l’aurore.

II.

Si grande est la solitude, amours,
Si chaude la tristesse tombée
Sur la blancheur de la nappe
Qui attend le sourire
D’un ange !

III.

Non, n’aie pas peur, mon amour,
Mon cœur veille sur ton sommeil
Non, n’aie pas peur,
Ma grêle campanule !
Précieux et fragile
Comme une tasse ancienne
De porcelaine de Chine.

Je suis la mémoire et le corps
D’un songe millénaire,
La clé d’une boîte à secrets
Qu’en vain la mort cherche
A ouvrir !

Je suis, ô mon amour,
La rose cicatrice du matin
Contre le ventre bleu de la vitre !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 4 mai 2008

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